Ministère de la Santé et des Services sociaux
Information pour les professionnels de la santé
Rougeole
Pour accéder à la liste des lieux d’exposition possible à un cas de rougeole au Québec, consultez la page Éclosion de rougeole de Québec.ca. La vaccination est le meilleur moyen de se protéger contre la rougeole. En tant que professionnels de la santé, il est important de mettre à jour votre statut vaccinal et de profiter de chaque occasion pour mettre à jour celui de vos usagers. Toutefois, avant de prendre un rendez-vous pour la vaccination contre la rougeole, il est important de vérifier si vous êtes considéré comme protégé contre cette maladie.
Description
La rougeole est une maladie respiratoire virale grave et extrêmement contagieuse. Elle se caractérise par de la fièvre et des éruptions maculopapulaires et exanthémateuses débutant au visage, puis s’étendant au cou et au reste du corps. Les symptômes sont notamment la toux, le coryza et la conjonctivite. L’infection par le virus de la rougeole peut entraîner de graves complications comme :
- la cécité;
- l’encéphalite;
- des infections respiratoires aiguës (ex. : la pneumonie);
- la mort.
Épidémiologie
Épidémiologie de la rougeole dans le monde
L’organisme Pan American Health Organization (PAHO) déclarait en septembre 2016, que la région des Amériques a atteint le statut d’élimination de cette maladie. Le Québec et le Canada adhèrent à cet objectif d’élimination de la rougeole, ce qui module l’ensemble des activités recommandées pour en assurer la prévention et le contrôle.
La rougeole est présente dans le monde, notamment en Europe, en Asie, au Moyen-Orient et en Afrique. Au cours des dernières années, d'importants foyers d'éclosion sont survenus dans plusieurs pays européens et dans certains États des États-Unis.
Pour connaître les recommandations de vaccination pour les voyageurs à propos de la rougeole, consultez le Protocole d’immunisation du Québec. Pour les autres conseils aux voyageurs concernant la rougeole, consultez la section Conseils de santé aux voyageurs du site de l’Agence de santé publique du Canada .
Épidémiologie de la rougeole au Canada
En 2023 et 2024, des cas de rougeole ont été déclarés dans plusieurs provinces canadiennes, dont au Québec.
Épidémiologie de la rougeole au Québec
Plusieurs cas confirmés de rougeole ont été déclarés au Québec depuis le début de l’année 2024. Plusieurs personnes ont acquis l’infection au Québec. Quelques-uns de ces cas n’ont pas de lien épidémiologique avec un autre cas confirmé.
Pour connaître les lieux d’exposition possible à un cas de rougeole au Québec, consultez la page Éclosion de rougeole de Québec.ca.
Depuis 2001, lorsqu’il n’y a pas d’éclosions, le Québec enregistre entre 0 et 4 cas de rougeole par année. Pour la plupart, il s'agit de cas ayant acquis la maladie à l’étranger, dans des pays où la rougeole est présente (endémique).
On peut obtenir des données sur la rougeole en consultant les rapports produits par la Direction de la vigie sanitaire (DVS) du MSSS sur les maladies à déclaration obligatoire d’origine infectieuses au Québec.
Éclosions antérieures de rougeole
- Années 1970 : au milieu des années 1970, l’introduction d’un programme de vaccination a permis de prévenir cette maladie et d’en faire diminuer l’incidence. Même si des éclosions ont continué à toucher le Québec, elles avaient une intensité décroissante d’une fois à l’autre.
- 1989 : c'est en 1989 que le Québec a connu la plus importante épidémie depuis l’introduction du programme de vaccination contre la rougeole. Plus de 10 000 cas ont été déclarés. Les personnes touchées étaient en majorité des jeunes d’âge scolaire. Sur les 656 hospitalisations, 10 personnes ont fait une complication cérébrale (encéphalite) et 7 sont décédées.
- 2007 : une éclosion avait également touché plusieurs régions du Québec.
- 2011 : une importante éclosion de rougeole a touché plusieurs régions du Québec, affectant particulièrement les jeunes âgés de 5 à 19 ans.
- 2015 : entre janvier et avril 2015, une éclosion de rougeole est survenue dans la région de Lanaudière au sein d’une communauté pas ou peu vaccinée.
- 2019 : une éclosion suprarégionale de rougeole est survenue entre juin et septembre 2019, touchant les régions des Laurentides et de Laval.
Mesures de prévention
La vaccination
Il faut profiter de chaque occasion pour mettre à jour le statut vaccinal de toute personne considérée comme non protégée (née à partir de 1970 et n’ayant pas reçu le vaccin contre la rougeole ou n’ayant jamais eu la rougeole) ou son propre statut à titre de professionnel de la santé (voir la page RRO : vaccin contre la rougeole, la rubéole et les oreillons du Programme d’immunisation du Québec). Les personnes désirant obtenir de l’information sur un statut vaccinal peuvent communiquer avec leur CLSC, leur point de service local ou appeler au 1 877 644-4545. Pour recevoir le vaccin, il est possible de prendre rendez-vous sur le site Web Clic Santé ou par téléphone au 1 877 644-4545.
Il est important de prévoir tous les mécanismes nécessaires à l’application des mesures de prévention et de contrôle des infections (mentionnées à la section suivante) lors de la prise de rendez-vous, à l'accueil, au triage et pendant la consultation, notamment les corridors de circulation et les trajectoires de soins et services des cas suspects et confirmés.
Vigilance lors de la prise de rendez-vous, à l'accueil, au triage et pendant la consultation
Lors de la prise de rendez-vous, à l’accueil, au triage et pendant la consultation, posez des gestes de vigilance :
- Déterminer rapidement le statut infectieux et minimiser les expositions. Voir l’outil de triage Outil d’aide à la décision pour les maladies infectieuses lors de l’arrivée des usagers aux services d’urgence;
- Appliquer sans délai les mesures de prévention et de contrôle des infections, telles que décrites dans la Fiche technique pour la gestion des cas, des contacts et des éclosions – Rougeole, pour toute personne qui pourrait être un cas suspect de rougeole :
- Demander à l’usager de procéder à l’hygiène des mains et de porter un masque médical,
- Respecter le port de l’APR N95 pour les travailleurs et travailleuses de la santé qui entrent dans la pièce où se trouve l’usager,
- Appliquer les précautions additionnelles aériennes en plaçant l’usager dans une salle à pression négative (premier choix) ou, si aucune salle à pression négative n’est disponible, dans une salle d’examen avec porte fermée (deuxième choix),
- Aviser le service de prévention et contrôle des infections de l’établissement de la présence d’un cas suspect de rougeole,
- Regrouper les soins pour les faire au même moment et limiter le nombre d’entrées et de sorties,
- Utiliser les corridors et les trajectoires de circulation établis,
- Respecter le temps d’attente après le départ de l’usager, selon le nombre de changements d’air dans la pièce;
- Renforcer l’hygiène des mains et l’hygiène et l’étiquette respiratoires dans les salles d’attente;
- Pour les établissements de santé, des informations additionnelles sur les mesures de prévention et de contrôle des infections à prendre pour la rougeole sont disponibles dans le document Notions de base en prévention et contrôle des infections : précautions additionnelles du Comité sur les infections nosocomiales du Québec de l’Institut national de santé publique du Québec;
- Effectuer les analyses de laboratoire requises pour confirmer un diagnostic de rougeole (voir la section Confirmation par les analyses de laboratoire);
- Les médecins et les IPS doivent déclarer les cas suspects pour lesquels des tests de confirmation ont été demandés et les cas confirmés à la Direction régionale de santé publique. La recherche de contacts à risque de complications sera débutée;
- Établir rapidement la liste des usagers et des personnes accompagnatrices présents dans la salle d’attente (avec leurs coordonnées et celles de la direction de santé publique de leur région de résidence) et la liste des travailleurs et travailleuses de la santé ayant pu être exposés.
Confirmation par les analyses de laboratoire
Pour chaque cas soupçonné de rougeole, les analyses de laboratoire appropriées doivent être demandées afin d’obtenir la confirmation du cas.
Présentation clinique | Statut immunitaire | Exposition à un cas connu ou dans un lieu d’exposition connu | Exposition lors d’un voyage | Aucune exposition documentée |
---|---|---|---|---|
1. Présence des trois symptômes suivants :
2. Si contact avec un cas connu ou si le milieu d'exposition est un service de garde, un milieu scolaire, un milieu de soins ou si la personne à tester est un travailleur ou une travailleuse de la santé. |
||||
Présentation clinique typique voir la note 1 |
Protégé |
À tester |
À tester |
À tester |
Présentation clinique typique voir la note 1 |
Non protégé |
À tester |
À tester |
À tester |
Présentation clinique atypique |
Non protégé |
À tester |
À tester |
Pas d’indication de test rougeole |
Présentation clinique atypique |
Protégé |
À tester voir la note 2 |
Pas d’indication de test rougeole |
Pas d’indication de test rougeole |
Il est possible qu’une personne vaccinée contre la rougeole ait une infection atténuée. Par rapport à la présentation clinique typique, les principales différences sont :
- une fièvre présente, mais moins élevée (< 39 °C);
- l’incubation plus longue (de 17 à 21 jours);
- la toux, le coryza et la conjonctivite rarement présents;
- une éruption cutanée localisée pouvant être vésiculaire.
En présence d’un cas suspect de rougeole, les tests recommandés sont le test d’amplification des acides nucléiques (TAAN) sur des sécrétions nasopharyngées ET des sérologies pour la recherche d’IgM contre la rougeole, d’IgM contre le parvovirus et d’IgM contre la rubéole. Si possible, faire le TAAN et les sérologies en même temps pour éviter qu’une personne potentiellement contagieuse se présente dans un autre milieu. S’il n’est pas possible de faire un TAAN sur des sécrétions nasopharyngées, on peut faire un test sur l’urine.
Le sérodiagnostic basé sur l’élévation du titre d’anticorps IgG dirigés contre le virus de la rougeole n’est plus recommandé.
Test diagnostique | Échantillon | Délai pour prélever l’échantillon voir la note 3 |
---|---|---|
3. Les échantillons prélevés plus tard seront acceptés, mais la sensibilité du test ne sera pas optimale. 4. Si le résultat du TAAN est positif, il n’est pas nécessaire de procéder à l’analyse sérologique. |
||
TAAN |
Sécrétions nasopharyngées |
≤ 6 jours après le début de l’éruption cutanée (sur des sécrétions nasopharyngées) |
Sérologie IgM contre la rougeole voir la note 4 |
Sang (≥ 3 ml) |
3 à 28 jours après le début de l’éruption cutanée |
N’oubliez pas d’aviser le centre de prélèvements avant d’y envoyer un usager afin que les mesures de prévention et de contrôle des infections (PCI) soient appliquées dès son arrivée.
L’évaluation clinique des personnes exposées à la rougeole, possiblement contagieuses ou des cas suspects de rougeole ne devrait pas se faire en pharmacie. Si les pharmaciens ou pharmaciennes sont contactés par téléphone par ces personnes, ils devraient les référer à Info-Santé 811.
Les mesures de PCI recommandées dans un milieu extrahospitalier pour recevoir des personnes possiblement contagieuses ou des cas suspects de rougeole en vue d’effectuer des tests de confirmation de la rougeole sont similaires à celles pour un milieu de soins :
- Évaluer si les prélèvements peuvent être effectués à l’extérieur (exemple : à l’auto);
- Maintenir un registre des personnes présentes dans le milieu;
- Identifier dès l’arrivée dans le milieu les personnes contagieuses ou potentiellement contagieuses;
- Faire porter un masque médical (sauf si non toléré ou lors de la réalisation de certaines techniques de soins) par les personnes contagieuses ou potentiellement contagieuses pendant tout leur séjour dans le milieu;
- Établir un corridor de circulation pour les personnes contagieuses ou potentiellement contagieuses pour diminuer le nombre de personnes qu’elles croisent;
-
Placer les personnes contagieuses ou potentiellement contagieuses dans une chambre à pression négative ou d’isolement respiratoire. En l’absence d’une telle pièce, les installer dans une pièce fermée avec un nombre élevé de changements d’air par heure. Respecter le temps d’attente nécessaire entre deux cas pour permettre l’élimination du virus.
Pour connaître le temps d’attente nécessaire en fonction du nombre de changements d’air à l’heure dans la pièce, consultez l’annexe 4 de la Fiche technique pour la gestion des cas, des contacts et des éclosions de rougeole;
- Contrôler la circulation des intervenants et intervenantes dans la pièce où se trouvent les personnes contagieuses ou potentiellement contagieuses pour diminuer le risque de contamination des zones adjacentes;
- Faire porter un APR N95 à tous les intervenants et intervenantes qui sont en contact avec les personnes contagieuses ou potentiellement contagieuses.
Déclaration des cas de rougeole
Bien que le délai maximal de déclaration doive être de 48 heures, compte tenu du contexte actuel, déclarer le plus rapidement possible tout cas suspect, probable ou confirmé de rougeole à la direction de santé publique de votre région afin qu’une intervention de santé publique appropriée puisse être déclenchée, puisqu’il s’agit d’une maladie à déclaration obligatoire (MADO).
Le cas échéant, déclarer rapidement tout cas de rougeole au service de prévention des infections de votre établissement de santé.
Intervention de santé publique
En raison de la très haute contagiosité de la rougeole, et dans un contexte d’élimination de cette maladie, une intervention de santé publique est nécessaire afin de :
- Prévenir les conséquences de la rougeole chez les individus considérés comme vulnérables;
- Minimiser la transmission secondaire et le nombre de contacts exposés.
Liens utiles
- Rougeole - Québec.ca
- Éclosion de rougeole - Québec.ca
- Vaccination contre la rougeole – Québec.ca
- Fiche technique pour la gestion des cas et des contacts – La rougeole
- Outil d'aide à la décision pour les maladies infectieuses lors de l'arrivée des usagers aux services d'urgence – Octobre 2023
- Affiche Alerte! Rougeole!
- Rougeole - Institut national de santé publique du Québec
- Webinaire du Collège des médecins du 12 mars 2024 « La rougeole : bien la comprendre pour mieux la déceler »
- Webinaire de l’INSPQ du 20 mars 2024 « La rougeole : informations pour les équipes de PCI »
- Ressources pour les professionnels de la santé du CHU Sainte-Justine
Certaines instructions figurant dans ces documents ne sont valides que pour le CHU Sainte-Justine ou la région de Montréal. - Formation - Fichier de vaccination rougeole
Dernière mise à jour : 13 mai 2024, 10:51