Ministère de la Santé et des Services sociaux
Salle de presse du ministère de la Santé et des Services sociaux
Déclaration du ministre Carmant à la suite du décès d'une fillette en Estrie
Québec, le 1 mai 2019
À la suite du décès d’une fillette de sept ans en Estrie, le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, monsieur Lionel Carmant, a fait la déclaration suivante :
« Bonjour à tous et merci de votre présence,
Je vous ai convoqués ici parce que je veux aborder le drame de la fillette de sept qui a succombé à ses blessures hier à Granby.
Je tiens d’abord à offrir toutes mes condoléances aux proches de l’enfant. Je veux aussi exprimer mon soutien aux intervenants qui doivent composer avec ce terrible événement.
Ce qui est arrivé à cette petite fille est tragique. Il est primordial pour moi et pour le gouvernement du Québec de faire la lumière sur ce qui s’est passé.
Trois actions ont été entreprises à la suite de cet événement dramatique.
Premièrement, il y a une enquête criminelle menée par la police, qui est en cours.
Deuxièmement, j’ai demandé à ce qu’une analyse des interventions soit faite rapidement par le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de l’Estrie – Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CIUSSS). L’objectif est d’établir quelles actions ont été posées et, le cas échéant, lesquelles auraient pu être posées pour éviter cette situation. C’est un dossier prioritaire. Ce rapport sera confidentiel en raison des informations cliniques et personnelles qui pourraient s’y trouver.
Finalement, j’ai discuté avec le président de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ), maître Philippe-André Tessier, pour lui demander d’ouvrir une enquête sur ce cas précis. La Commission est un organisme indépendant du gouvernement du Québec et remplit sa mission dans l’intérêt du public. J’ai pleine confiance en la Commission et en son président de faire la lumière sur cette tragédie. La CDPDJ fournira des recommandations pour éviter qu’un cas similaire se reproduise.
Donc, ce seront trois enquêtes différentes qui vont avoir lieu et qui vont nous permettre de faire la lumière sur cet événement. Je ne peux en dire plus sur ce cas particulier.
Vous comprendrez que la confidentialité et le respect des processus d’enquête m’obligent à cette réserve.
Maintenant que je vous ai informés des actions prises dans l’immédiat sur le cas qui nous a tous ébranlés ce matin, je veux informer la population de la façon dont je prends en charge le dossier de la protection de la jeunesse.
Dès mon arrivée en poste, j’ai demandé au Ministère de me fournir un diagnostic de la situation à la DPJ. Je précise immédiatement qu’il ne faut pas faire de lien entre la situation que je vais vous décrire et le cas survenu en Estrie.
Sans surprise, les listes d’attente sont ressorties comme un enjeu majeur. Il y avait au Québec 3 337 cas en attente d’évaluation le 30 mars dernier. Un plan d’action a été établi pour réduire ces listes dans les meilleurs délais.
Nos solutions reposent notamment sur quatre piliers.
Premièrement, il faut diminuer le taux de roulement de la main-d’œuvre. Les professionnels actifs en protection de la jeunesse font face à des enjeux difficiles. Plus du tiers des intervenants ont moins de 35 ans. Ils ont besoin d’encadrement et de soutien pour rendre les services qu’on attend d’eux. Nous avons investi dans le dernier budget 18 M$ pour leur procurer cet encadrement.
Deuxièmement, il faut renforcer les services de proximité pour que les enfants à risque puissent être identifiés et pris en charge de façon précoce. Les 88 M$ du programme Agir tôt vont contribuer à venir en aide aux enfants à risque dès leur plus jeune âge. À moyen terme, ça fera moins de jeunes qui présentent des problèmes de comportement, d’adaptation et d’intégration.
Troisièmement, les pratiques cliniques en protection de la jeunesse reposent sur des standards qui doivent être mis à jour. La société a évolué, les familles se sont transformées et les pratiques de travail social doivent suivre cette évolution. Bref, nos interventions doivent rester pertinentes pour être efficaces.
Quatrièmement, nous allons nous attaquer à la hausse des signalements. Le Québec dépasse les 100 000 signalements reçus par année. Plusieurs hypothèses peuvent expliquer cette hausse, dont l’ajout dans la Loi sur la protection de la jeunesse de nouveaux motifs de signalement. Nous voulons mieux comprendre le phénomène de cette hausse pour mieux agir. Nous avons confié au chercheur de l’Université Laval, George Tarabulsy, le mandat de cerner les causes de ce phénomène.
En résumé, nous sommes en action pour comprendre ce qui s’est produit en Estrie et surtout pour apporter les correctifs nécessaires pour qu’une telle situation ne se produise plus.
Nous sommes aussi en action pour améliorer l’efficacité de la DPJ et pour faire en sorte que cette institution joue pleinement son rôle de protection des enfants du Québec. »
Lionel Carmant, ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux