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Répondre aux questions des enfants et des adolescents en matière de sexualité
L’embarras que provoquent certaines questions de la part des jeunes est tout à fait naturel et légitime. Il ne s’agit pas de nier ce malaise, de le combattre ou, pire, de tenter vainement de le cacher. Lorsqu’une situation se révèle embarrassante, mieux vaut le dire très simplement. Voilà une belle occasion d’humaniser l’éducation à la sexualité. L’honnêteté intellectuelle et affective est déterminante dans une telle démarche.
Le malaise qui peut être ressenti lorsqu’un jeune pose une question concernant la sexualité peut être associé au caractère intime que soulève la question, au sentiment de ne pas avoir les compétences requises pour y répondre ou, encore, à la crainte de ne pas trop savoir quoi dire, d'en dire trop ou, au contraire, pas assez.
Il est normal d'avoir de la difficulté à répondre à certaines questions. Cependant, l’absence de réponse ou l’évitement des questions déstabilisantes n’effaceront pas les interrogations des jeunes. Il est essentiel de répondre à leurs questions au meilleur de sa capacité en référant au développement psychosexuel des enfants et des adolescents et adolescentes et en tenant compte des besoins du groupe. Quels que soient la nature ou le sens des questions, les réponses fournies doivent s’appuyer sur des faits et être exemptes de jugement. Puisque plusieurs questions peuvent survenir tant dans un contexte formel que de manière spontanée, mieux vaut s’y préparer.
Voici quelques conseils pour répondre aux questions des enfants, des adolescents et adolescentes en matière de sexualité lors d’une intervention de groupe.
De manière générale
Reconnaître la légitimité et la pertinence de la question
Le caractère intime du sujet et la crainte d'être jugé amènent plusieurs jeunes à se sentir mal à l’aise de poser une question qui traduit leurs préoccupations ou leur manque de connaissances concernant la sexualité. L'enseignant, l’enseignante ou l'intervenant, l’intervenante peut alors accueillir la question du jeune en introduisant sa réponse de la manière suivante :
- « Merci pour ta question… »
- « C’est une bonne question... »
- « Comme toi, plusieurs jeunes peuvent se demander la même chose… »
Reformuler la question pour en valider la compréhension
Les jeunes ne posent pas toujours des questions de manière directe lorsqu’il s’agit de sexualité. Ils prennent parfois des détours pour nous amener à comprendre leurs réelles préoccupations. Si l'enseignant, l’enseignante ou l'intervenant, l’intervenante n'est pas certain(e) de l'information recherchée, il ou elle peut reformuler la question dans d’autres mots pour clarifier la question et en valider la compréhension afin d’y répondre de la meilleure façon possible :
- « Si j'ai bien compris, ce que tu veux savoir, c'est… »
- « Pourrais-tu m’en dire un peu plus sur ce que tu cherches à comprendre? »
- « Qu’est-ce que tu aimerais savoir exactement? »
Partir des connaissances des jeunes
Lorsqu’une question est posée par un jeune, il peut être intéressant d’amener le groupe à réfléchir à des éléments de réponse possibles. Cela permet à l'enseignant, l’enseignante ou à l’intervenant, l’intervenante de vérifier les connaissances antérieures des jeunes et de préparer sa réponse pour approfondir ces connaissances ou encore recadrer des informations qui seraient erronées. Souvent, les jeunes ont déjà des réponses à fournir à la question. Ils cherchent alors un avis extérieur ou une validation de leur compréhension. Les laisser formuler des réponses aux questions posées permet d’entendre les mots utilisés pour exprimer leurs idées et de choisir un vocabulaire compréhensible, exact et respectueux pour leur répondre dans un langage adapté à leur niveau.
Pour retourner la question au groupe, l'enseignant, l’enseignante ou l'intervenant, l’intervenante peut demander :
- « Qu’en pensez-vous? »
- « Quelqu’un a-t-il une idée de la réponse? »
En tout temps, demandez aux jeunes de demeurer respectueux envers les autres en évitant de se moquer des explications parfois maladroites ou encore inexactes de leurs pairs. Évitez de commenter les questions ou de faire des blagues à la suite des questions posées en groupe.
Au besoin, corrigez l’information en énonçant les faits de façon simple en fonction du niveau de développement de l’enfant et de l'adolescent ou l’adolescente . Il est toujours préférable de ne pas submerger les jeunes sous une masse d’informations complexes, alors qu’ils sont souvent à la recherche d’explications simples. L’information peut être complétée au fur et à mesure que le ou la jeune grandit.
De manière plus précise
Répondre à une question pour laquelle vous n’avez pas de réponse immédiate
Il est normal que l'enseignant, l’enseignante ou l'intervenant, l’intervenante ne soit pas en mesure de répondre à toutes les questions des jeunes. Une attitude confiante de sa part, tout en faisant preuve d’humilité quand il ou elle ne dispose pas de l’information juste, contribue à créer un climat d’ouverture. En soulignant que la question est pertinente, il est possible de dire aux jeunes que la réponse sera donnée plus tard. Ces derniers apprécient en général la franchise des adultes et sont rassurés sur le fait qu'ils ou elles obtiendront une réponse juste et plus complète éventuellement. Il est alors important d’assurer un suivi en allant chercher l’information nécessaire et de revenir avec une réponse adéquate. On peut par exemple répondre :
« C’est une très bonne question. Cependant, je n’ai pas la réponse. Laisse-moi trouver l’information et je te reviens là-dessus le plus rapidement possible. C’est d’accord? »
Répondre à une question qui concerne la vie privée
L'enseignant, l’enseignante ou l'intervenant, l’intervenante ne doit en aucun cas parler de sa propre sexualité ou de sa vie sexuelle avec les jeunes. Il n’est pas plus adéquat de laisser un ou une jeune parler de sa propre sexualité ou de sa vie sexuelle devant le groupe. Si une question sur la vie privée est posée, il importe de soulever le caractère intime de cette question en essayant d’identifier la préoccupation qui s’en dégage afin de fournir une réponse basée sur des faits et non sur une expérience ou un vécu personnel.
Par exemple :
Jeune : « À quel âge avez-vous eu votre première relation sexuelle? »
Intervenant(e) ou enseignant(e) : « Je comprends que tu puisses te poser cette question, mais il s’agit d’une question personnelle qui concerne la vie privée. Il n’est pas nécessaire que tu connaisses cette information. Cependant, on peut discuter du moment de la première relation sexuelle et des questionnements que cela peut susciter chez les jeunes. Le choix du moment de la première expérience est important et nécessite de prendre le temps d’y réfléchir et d’agir en cohérence avec ses valeurs et ses croyances. »
Répondre à une question qui concerne une pratique sexuelle
Par simple curiosité ou pour susciter une réaction au sein du groupe, un ou une jeune peut poser une question déstabilisante ou encore utiliser des mots vulgaires qui pourraient heurter l’enseignant, l’enseignante, l’intervenant, l’intervenante ou d’autres jeunes. Il est important de rappeler les règles, de corriger les propos avec des mots adéquats et, surtout, d’éviter de décrire ou d’entrer dans les détails d’une pratique sexuelle. En présumant que toute question est néanmoins légitime, il faut tenter de voir quelle est la réelle préoccupation qui s’en dégage pour ramener le bon message clé en se référant au développement psychosexuel des jeunes pour répondre adéquatement en fonction de leur âge.
Par exemple :
Jeune de 6e année : « C’est quoi faire une pipe? »
Intervenant(e) ou enseignant(e) : « C’est une expression vulgaire qui fait référence à une pratique sexuelle que des personnes peuvent choisir de faire lorsqu’elles le souhaitent toutes les deux et qu’elles se respectent. Mon rôle n’est pas de décrire les différentes pratiques sexuelles. Vous savez, la sexualité, c’est beaucoup plus que cela. On devrait d’abord parler d’amour, de connaissance de soi et de l’autre et de consentement. »
Répondre à une question qui touche aux valeurs individuelles
Lorsqu’une question est liée à des valeurs individuelles, la réponse doit être donnée sans jugement et s’appuyer sur des faits. Après avoir identifié les valeurs soulevées par la question, l’enseignant, l’enseignante ou l’intervenant, l’intervenante peut amorcer une discussion avec le groupe pour faire ressortir les différentes façons de penser et rappeler certaines valeurs universelles telles que le respect de soi et d’autrui, l’égalité et la tolérance.
Par exemple :
Jeune de 16 ans : « Pourquoi l’avortement est-il permis ici? »
Intervenant(e) ou enseignant(e) : « Au Québec, l’avortement ou l’interruption volontaire de grossesse est une option possible en cas de grossesse non planifiée. Cette décision implique des choix personnels qui peuvent varier d’un individu à l’autre. Nous pouvons prendre le temps d’en discuter pour voir les différents points de vue, considérant qu’il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse devant une telle décision, qui doit être prise en cohérence avec ses valeurs et ses croyances. »
Répondre à une préoccupation qui nécessite une intervention individuelle
Lorsqu’un ou une jeune manifeste une préoccupation très personnelle qui ne concerne pas tout le groupe, il est préférable de l’inviter à rester après l’activité pour en discuter individuellement. Par exemple, un ou une jeune pourrait laisser sous-entendre à l’enseignant, l’enseignante ou à l’intervenant, l’intervenante qu’il ou elle aurait été victime d’agression sexuelle ou encore qu’il ou elle vit de la violence dans sa relation amoureuse. Dans ces cas, il pourrait être indiqué d’orienter le ou la jeune vers une ressource professionnelle.
Dernière mise à jour : 09 mai 2024, 11:35