Ministère de la Santé et des Services sociaux
Information pour les professionnels de la santé
Informations générales
Généralités du protocole
Rôles et responsabilités
Pour appliquer les présents protocoles, le paramédic doit être dans l’exercice de ses fonctions officielles, qui sont encadrées par la direction médicale nationale/régionale. Il doit aussi répondre aux conditions prévues à l’article 63 de la LSPU et détenir un statut actif en vertu du règlement sur les conditions d’inscription au registre national de la main-d’œuvre (référence : L.R.Q., chapitre S-6.2, r.1).
À l’exception des situations opérationnelles spécifiques, l’intervention nécessite toujours la présence de deux paramédics. La responsabilité clinique est partagée entre les paramédics de soins primaires (PSP) et les paramédics de soins avancés (PSA) qui interviennent, et est modulée selon leurs champs de pratique respectifs et les protocoles en vigueur. Les paramédics doivent collaborer étroitement avec les autres intervenants présents sur la scène (policier, premier répondant, pompier, professionnels de la santé, etc.) dans le respect des champs de compétence de chacun.
Transfert de responsabilités à l’équipe soignante du centre receveur
Avant de transmettre leur rapport à l’équipe soignante (ex. : lors du prétriage, triage, etc.), les paramédics sont responsables du patient. Ceux-ci doivent effectuer la surveillance clinique et appliquer les soins prévus aux présents protocoles. Lorsque l’équipe soignante n’est pas en mesure de recevoir rapidement le rapport verbal et que les paramédics jugent que le patient doit être pris en charge de façon prioritaire, ces derniers doivent en aviser le personnel du centre receveur sans tarder. Pendant le processus de présentation du rapport verbal à l’équipe soignante (incluant l’intervalle de temps entre le prétriage et le triage, le cas échéant), la responsabilité du patient est partagée entre les intervenants. Une fois le rapport verbal complété, le centre receveur est alors responsable du patient. Par contre, les paramédics doivent effectuer la surveillance clinique et collaborer avec le personnel du centre receveur jusqu’à ce que le patient ait quitté la civière de l’ambulance pour l’endroit désigné (civière, lit d’hôpital, salle d’attente, etc.). Entretemps, les paramédics doivent aviser le personnel sans tarder s’ils jugent que la condition clinique du patient se détériore.
Rôle non traditionnel
Tout paramédic (personnel-cadre, superviseur, paramédic de soins primaires, etc.) qui exerce ses fonctions dans un rôle non traditionnel (à vélo, dans un véhicule de réponse rapide, dans un centre de vaccination, etc.) encadré par la direction médicale nationale/régionale doit se référer aux présents protocoles pour guider son intervention.
Paramédics de soins avancés
Si la direction médicale nationale/régionale l’autorise et si la situation d’intervention le requiert, les PSP peuvent demander l’affectation d’un PSA. Lorsque présent sur la scène, le PSA doit assurer le leadership de l’intervention et des soins prodigués au patient. En cas de divergences entre les présents protocoles et les protocoles d’intervention des PSA, ces derniers ont préséance. Toutefois, si les protocoles d’intervention des PSA ne sont pas applicables, le PSA doit appliquer les présents protocoles.
Clientèle adulte ou pédiatrique
Un patient doit être considéré comme un adulte lorsqu’il est âgé de 12 à 14 ans ET qu’il présente des signes de puberté ou une morphologie adulte. Dans tous les cas, il doit être considéré comme un adulte lorsqu’il atteint l’âge de 15 ans. Par opposition, un patient qui ne répond pas aux critères de cette définition doit être considéré comme un patient pédiatrique.
À moins de spécification contraire, l’ensemble des protocoles présentés dans ce document peuvent s’appliquer à tous les groupes d’âge.
Sécurité
Dans toute situation, le paramédic doit, en premier lieu, voir à la sécurité de la scène pour éviter qu’il ne devienne lui-même un patient. Une fois la sécurité de la scène assurée, il peut procéder à l’appréciation primaire et à l’appréciation du niveau de stabilité du patient.
Équipement au chevet du patient
De façon générale et à moins d’un contexte particulier, le moniteur défibrillateur, la trousse de support vital et la bombonne d’oxygène devraient être apportés au chevet du patient.
Appréciation de la condition clinique
Pour l’ensemble des protocoles, le paramédic doit se référer au protocole d’appréciation de la condition clinique préhospitalière afin d’apprécier la condition clinique du patient, de déterminer sa stabilité, son besoin d’oxygénothérapie et pour effectuer les autres appréciations de base.
Application des protocoles spécifiques
Dans le cadre de chaque intervention, le paramédic doit vérifier la présence de signes ou de symptômes justifiant l’application des protocoles. Les signes et symptômes (ou la description d’un tableau clinique) se trouvent dans les indications du protocole et parfois dans son titre. Le paramédic doit prendre en considération tout signe ou symptôme présent ou passé (ex. : un symptôme présent en début d’intervention, qui disparaît soudainement) et qui est en lien avec l’intervention en cours.
Lorsqu’une appréciation clinique révèle la présence d’un nouveau signe ou d’un symptôme (ex. : la prise de glycémie révèle une hypoglycémie), le paramédic doit se référer aux protocoles correspondants.
Bien que les protocoles soient organisés par problèmes spécifiques (ex. : situations gynéco-obstétricales, médicales, traumatiques, etc.), plusieurs d’entre eux peuvent s’appliquer à un même patient, et ce, de façon consécutive ou en concomitance, s’ils sont appropriés pour la situation clinique.
Administration d’un soin ou d’un médicament
Les appréciations cliniques (signes vitaux, monitorage cardiaque, etc.) requises pour prodiguer un soin ou administrer un médicament au patient doivent être validées par le paramédic préalablement.
Le paramédic ne peut prodiguer un soin ou administrer un médicament si ces derniers ne sont pas encadrés par les protocoles en vigueur. Ceci inclut la médication qui a été prescrite au patient par un médecin.
Déplacement du patient
Le paramédic doit favoriser une position confortable pour le patient, et minimiser les efforts chez ce dernier. Lors de l’évaluation de la capacité de mobilisation du patient, les paramédics doivent faire preuve de discernement et appliquer un jugement clinique rigoureux.
À la suite de l’appréciation de la condition clinique, seuls les patients stables, ne présentant pas un risque de chute ou de détérioration clinique, peuvent se déplacer de façon autonome et sous la supervision d’un paramédic. Celui-ci doit toujours s’assurer d’avoir la collaboration du patient avant d’entreprendre la mobilisation. Arrêter la mobilisation du patient devant tout signe de faiblesse ou de modification de la démarche.
Le paramédic ne doit pas entreprendre une mobilisation autonome lorsque le patient est instable, qu’il présente une condition clinique pouvant se détériorer avec la mobilisation ou une condition clinique qui conduit à un risque de chute, ou en raison d’une autre considération telle qu’une douleur invalidante, un environnement non sécuritaire ou un refus de la part du patient.
Pour le déplacement autonome d’un patient en contexte de traumatisme spinal, se référer aux précisions du protocole Traumatisme spinal.
Modes de conduite
Vers le lieu de prise en charge
- Conduite URGENTE :
- Mise en route immédiate en circulant avec les feux d’urgence allumés et au besoin, avec les sirènes.
- Conduite NON URGENTE MODULABLE :
- Mise en route immédiate en circulant en mode non urgent et un passage en mode de conduite urgent en présence d’un obstacle à la circulation significatif (arrêt de la circulation, entrave routière importante, etc.) et si ce dernier fait en sorte que l’objectif d’arrivée sur les lieux dépasse l’OTRC (ou si l’OTRC est déjà expiré). Le mode de conduite urgent sera utilisé le temps de franchir l’obstacle. La distance à parcourir ne doit pas être considérée comme un obstacle.
- Conduite NON URGENTE :
- Mise en route immédiate en circulant en mode non urgent sans sirène ni feux d’urgence allumés.
*Objectif de temps réponse clinique (OTRC) : assignation flexible selon un objectif chronométrique optimal d’arrivée auprès d’un patient (fenêtre d’opportunité) afin d’utiliser la ressource disponible la plus efficiente pour répondre à une demande.
Vers le lieu de destination
Avant de partir vers le lieu de destination, le paramédic doit établir le mode de conduite en fonction de la situation clinique du patient. Il doit déterminer si le mode de conduite sera URGENT ou NON URGENT.
Situation nécessitant un mode de conduite URGENT
- Tout patient instable, selon les critères d’instabilité;
- Tout signe ou symptôme que le paramédic juge comme menaçant la stabilité du patient;
- Tout patient avec une condition clinique chronodépendante ou comportant un risque élevé de détérioration prévu dans un protocole spécifique.
Ces situations nécessitent une intervention rapide, un départ hâtif et une conduite en mode urgence du véhicule ambulancier vers le centre receveur (10-30 : avec feux d’urgence et sirène, au besoin).
Situation nécessitant un mode de conduite NON URGENT
Une situation qui a été déterminée NON URGENTE avant le départ des lieux (patient sans instabilité, ne présentant pas une condition clinique chronodépendante ou un risque élevé de détérioration). Il est à noter que certaines situations cliniques peuvent nécessiter une intervention rapide et un départ hâtif des lieux sans pour autant nécessiter un transport urgent.
La conduite en mode non urgent (10-16) doit faire l’objet d’une réévaluation continuelle et la conduite en mode urgent (10-30) peut être appliquée à tout moment si des éléments circonstanciels ou cliniques le justifient.
Transport sécuritaire
Un transport sécuritaire implique l’utilisation de ceintures de sécurité (incluant les baudriers) pour toutes les personnes présentes dans le véhicule. Pour la clientèle pédiatrique, l’utilisation d’un outil adapté à l’âge et à la situation clinique du patient est indiquée. Des dispositifs de transport de type NeoMateMD (2 à 4,5 kg) et de type Pedi-MmateMD (≥ 4,5 kg) sont à la disposition des paramédics. Un siège d’auto pour enfant (répondant aux normes en vigueur) peut également être utilisé pour le patient alerte qui ne présente pas de détresse ou d’insuffisance respiratoire, en ajustant l’angle du siège afin de maintenir ses voies respiratoires ouvertes (évitant ainsi une flexion de la tête).
Accompagnement du patient
Durant le transport primaire ou le transfert interétablissement, le paramédic doit toujours accompagner le patient dans le module de soins, à moins que ce dernier soit en arrêt cardiorespiratoire et qu’aucune manœuvre ne soit indiquée.
Précision concernant le transport d’un enfant ou d’un usager ayant des besoins particuliers : si le contexte le permet, le paramédic doit favoriser l’accompagnement d’un parent, d’un tuteur ou d’une personne significative pour le patient, et ce, afin de diminuer le stress et l’anxiété de ce dernier et de permettre à la fois une meilleure collaboration et une communication optimale.
Prévention et contrôle des infections
Lors de toute intervention, le paramédic doit utiliser les précautions universelles en matière de prévention et de contrôle des infections. Les procédures de surveillance pour les syndromes d’allure grippale (SAG) (ex. : causés par le virus de l’influenza), les maladies respiratoires sévères infectieuses (MRSI) et la maladie à virus Ebola (MVE) doivent toujours être respectées.
Le paramédic doit se référer à l’« Annexe III – Prévention et contrôle des infections » afin d’assurer sa protection personnelle et d’adapter son intervention lors de tout contexte infectieux envisagé.
NIL PER OS
Aucun aliment liquide ou solide ne doit être ingéré par le patient à moins d’avis contraire spécifié dans le protocole spécifique.
Documentation et enregistrement des interventions
Moniteur défibrillateur semi-automatique
Le moniteur défibrillateur semi-automatique (MDSA) doit être ouvert dès l’arrivée au chevet du patient (ou en sortant du véhicule, si un arrêt cardiorespiratoire (ACR) est envisagé), et ce, jusqu’au transfert des responsabilités (ex. : au centre receveur) afin de permettre l’enregistrement de l’intervention. L’ensemble des interventions enregistrées doit être transféré à l’équipe d’amélioration de la qualité, selon la procédure régionale ou locale.
Rapport d’intervention préhospitalière
Le paramédic doit rédiger un rapport d’intervention préhospitalière (RIP) pour toutes les interventions où il a été en contact avec un patient. Ceci inclut : les transports primaires (URGENTS et NON URGENTS), les transports secondaires (interétablissements) avec ou sans escorte, les retours à domicile et, tout particulièrement, les interventions qui se concluent par un refus de transport. Tout paramédic (même celui exerçant un rôle non traditionnel) ayant effectué une appréciation du patient et/ou ayant administré des soins en fonction des PICPSP doit remplir son propre RIP. La qualité de la rédaction est essentielle et permet de témoigner de la qualité des soins prodigués. Un soin non documenté est considéré comme un soin non réalisé.
Toute intervention lors de laquelle un citoyen sollicite l’opinion d’un paramédic dans l’exercice de ses fonctions au sujet d’une décision liée à un problème de santé existant, même si ce dernier n’a pas été affecté par le centre de communication santé (CCS), est considérée comme une intervention « contact-patient ». Celles-ci doivent toutes être déclarées au CCS. L’interaction avec le patient dont le contact n’a pas été généré par le CCS doit respecter en tous points les PICPSP.
Rapport complémentaire
Un rapport complémentaire (RC) doit être rédigé dans les circonstances suivantes et transmis au centre intégré et centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CISSS, CIUSSS) ou à la Corporation d’urgences-santé (Urgences-santé) :
- En complément du RIP, lorsqu’il manque d’espace dans celui-ci;
- Lors d’un incident ou d’un accident;
- Lors d’une erreur clinique;
- Lors d’une intervention avec accès forcé;
- Lors de toute intervention où aucun patient n’est trouvé à l’arrivée sur la scène;
- Lors de toute intervention où aucune appréciation clinique n’a été effectuée (ex. : intervention de soutien technique);
- Lorsque les policiers refusent l’accès à la scène;
- Lors d’une scène à victimes multiples;
- Lors de bris ou de vol du coffret de sécurité, ou de non-concordance des médicaments qui s’y trouvent;
- Lors de toutes autres situations jugées pertinentes.
En présence d’une situation impliquant de multiples victimes, un RC doit être rédigé afin d’expliquer le triage et la gestion du site d’intervention. En cas de refus de transport ou de soins et lorsque la rédaction individualisée n’a pas été possible, un RC doit être utilisé pour justifier la situation et décrire le contexte. Ce RC doit être consigné chez l’employeur, et une copie devra être acheminée au CISSS, au CIUSSS ou à Urgences-santé. Aucune copie ne doit être laissée au dossier du patient.
Le RIP doit être signé par les deux paramédics. Il doit être transmis au CH receveur dès qu’il a été complété, toute suite après l’appel ou ultérieurement. Une copie doit être entreposée vers l’entreprise ambulancière ainsi qu’au CISSS, au CIUSSS et à Urgences-santé. Dans les situations où l’équipe de paramédics est affectée à une nouvelle intervention avant de terminer la rédaction du RIP concernant l’intervention en cours, et que l’équipe ne peut retourner à ce même CH durant ce quart de travail, le RIP rempli doit être remis à l’entreprise avec la mention de « note tardive ».
Transfert interhospitalier
Avec une équipe médicale
Le patient est alors sous la responsabilité de l’équipe médicale. Le paramédic demeure en soutien de l’équipe médicale et est présent dans le module de soins.
Sans équipe médicale
- S’informer du problème médical du patient :
- Historique des évènements;
- Antécédents et allergies;
- Prise récente (doses et heures) de médicaments (analgésique, antiplaquettaire, antibiotique, etc.).
- Discuter du plan de transfert avec l’équipe médicale :
- Déterminer le centre receveur;
- Prendre note du nom des médecins traitants (CH d’origine et CH de destination);
- Déterminer si la surveillance clinique nécessaire au transfert convient au cadre légal du champ de pratique du paramédic. Dans le cas contraire, une escorte médicale devra accompagner le patient jusqu’au centre receveur;
- Déterminer avec le médecin si les présents protocoles doivent être adaptés en fonction de la situation. Au besoin, documenter la situation à l’écrit et par enregistrement vocal (se référer au protocole Directives d’un professionnel de la santé);
- Déterminer le niveau de soins requis (se référer au protocole Niveaux de soins);
- Déterminer une fréquence de prise de signes vitaux;
- Déterminer si un isolement pour le patient est en cours et si des équipements de protection pour ce dernier et pour les paramédics sont nécessaires;
- Déterminer le mode de transport.
- S’assurer de transférer la documentation :
- Photocopies des notes médicales, profil pharmaceutique, CD de radiographies, etc.
- S’assurer que les différents outils spécialisés autorisés qui feront l’objet d’une surveillance clinique sont initialement adéquats :
- Voies et tubes adéquatement fixés (noter leur position);
- Tubes de drainage (sacs collecteurs vides) et solutés qui perfusent adéquatement;
- Matériel nécessaire : oxygène, cathéter à succion approprié, soluté en quantité suffisante, etc.
L’ensemble des protocoles suivants sont des indicateurs de soins non exhaustifs et doivent être appliqués conjointement avec le jugement du paramédic.
Dernière mise à jour : 26 mars 2024, 13:39