Ministère de la Santé et des Services sociaux
Information pour les professionnels de la santé
Fluidité hospitalière
Optimisation de la fluidité
Le manque de fluidité en centre hospitalier se manifeste généralement par une saturation des lits d’hospitalisation, un engorgement des urgences, une pression accrue sur les équipes cliniques et une détérioration de la fluidité des services.
La surcapacité des urgences a des effets néfastes sur ses usagers, son personnel et sur l’urgence elle-même (Affleck et coll., 2013). Parmi ces répercussions, notons une augmentation de la mortalité (Eidstø et coll., 2024) ainsi que des départs avant prise en charge (PEC) médicale (Carter et coll., 2014), une diminution de la qualité des soins (Morley et coll., 2018) et une augmentation des visites de retour (Pearce et coll., 2023).
Plan d’action
Dans un contexte de surcapacité ou de congestion prolongée, il est essentiel que les établissements disposent d’un plan d’action structuré et adaptable. Ce plan, souvent appelé plan de désencombrement, contient des mesures particulières pour diminuer la pression sur l’urgence, et inclut notamment un plan de surcapacité. Il vise à soutenir la fluidité des soins tout en assurant la sécurité des usagers et du personnel. Pour ce faire, il est crucial de maximiser l’utilisation des rôles et des champs de compétence de chaque intervenant (Austin et coll., 2020), de promouvoir des alternatives à l’urgence et à l’hospitalisation (Elder et coll., 2015), et d’optimiser l’informatisation clinique afin de faciliter la coordination, la traçabilité et la prise de décision en temps réel.
Voici des indicateurs typiques d’une situation critique à l’urgence :
- Un taux d’occupation élevé des civières sur une période prolongée;
- Un grand nombre d’usagers en attente d’un lit d’hospitalisation à l’urgence;
- Un taux élevé d’usagers ayant une durée de séjour à l’urgence dépassant les normes établies;
- Un nombre élevé d’usagers en attente d’orientation;
- Un délai de prise en charge important pour les usagers P2-P3;
- Un accès restreint aux salles de réanimation;
- Un nombre élevé d’usagers en attente d’admission n’ayant pas eu accès à un lit d’hospitalisation (hospitalisation complète à l’urgence).
Gradation des mesures selon la criticité des indicateurs
Un plan d’action doit être élaboré selon différents paliers d’encombrement de l’urgence, en s’appuyant sur les seuils (ex. : normal, élevé, critique) des indicateurs de surcapacité mentionnés précédemment et présents dans les tableaux de bord . Chaque palier doit être assorti de mesures précises applicables avant, pendant et après le passage à l’urgence, et appliquées de manière progressive et proactive selon l’évolution de la situation. Le plan doit également établir clairement les rôles et responsabilités de l’ensemble des parties prenantes afin d’assurer une mise en œuvre cohérente et efficace des mesures prévues.
Les critères de déclenchement doivent refléter la réalité locale de chaque installation. Des mesures générales et spécifiques doivent être prévues pour la clientèle ambulatoire et sur civière. Par exemple, certains centres pourraient activer le niveau 1 à un taux d’occupation de 100 %, tandis que d’autres pourraient combiner plusieurs facteurs et utiliser un seuil plus élevé.
Il est essentiel de tenir compte de la capacité de débordement propre à chaque urgence et de concevoir un plan englobant tous les secteurs de l’installation (da Silva Ramos et coll., 2024) ainsi que les directions externes partenaires ayant une incidence sur la fluidité hospitalière, tout en respectant les contraintes physiques de l’environnement de l’urgence. Il peut être pertinent de moduler les heures de couverture des médecins consultants à l’urgence afin de mieux répondre aux besoins cliniques selon le niveau d’encombrement.
Les services de biologie médicale et de radiologie doivent également pouvoir répondre rapidement à une hausse ponctuelle des demandes d’examens en provenance de l’urgence, en mettant en place des procédures adaptées dans leurs départements respectifs.
Soutien aux opérations
Santé Québec peut accompagner les installations dans l’élaboration de ces plans d’action, en soutenant la compréhension des enjeux ainsi que l’évaluation et la mise en œuvre des solutions proposées. Le succès de ces interventions repose sur l’engagement et la collaboration de l’ensemble des intervenants du réseau de la santé. Des suivis ponctuels peuvent être réalisés en cas d’achalandage exceptionnel ou selon les besoins spécifiques de l’installation. Cette approche vise à assurer une réponse rapide, cohérente et proportionnée à la situation des urgences.
Plan de surcapacité
La surcapacité hospitalière désigne l’augmentation temporaire de la capacité d’accueil d’un établissement (notamment en lits ou civières en surcroît du nombre de lits de courte ou de longue durée au permis), avec ou sans ajout de ressources humaines, afin de répondre à une demande accrue d’hospitalisations en provenance de l’urgence. Le plan de surcapacité vise à assurer la qualité et la sécurité des soins dans un contexte de pression exceptionnelle sur les ressources.
Activation d’un plan de surcapacité structuré
- Ouverture de zones temporaires dans des espaces polyvalents, ajouts de lits ou de civières dans les chambres ou dans les corridors;
- Réévaluation des fermetures de lits (gestion de risques, prévention et contrôle des infections [PCI]);
- Réaffectation temporaire de personnel provenant d’unités de soins moins sollicitées;
- Transfert d’usagers stables vers d’autres services ou établissements;
- Suspension temporaire de certaines activités non prioritaires, notamment les chirurgies non urgentes, pour libérer des ressources.
Plan de contingence
Le plan de contingence à l’urgence doit être élaboré à l’avance, et inclure des rôles et responsabilités clairement définis. Il permet d’éviter les décisions improvisées en situation critique et assure une réponse coordonnée, efficace et sécuritaire. Ce plan doit être connu des équipes, testé régulièrement et mis à jour selon les apprentissages tirés des précédents épisodes de surcapacité. Il peut entre autres inclure :
- la réorientation obligatoire de certains usagers vers des ressources plus appropriées selon la politique en place;
- l’orientation accélérée de patients vers les unités d’hospitalisation;
- l’utilisation optimale des alternatives à l’hospitalisation;
- une collaboration active des spécialistes ainsi que des services diagnostiques afin de libérer le plus d’usagers possible.
Un volet communication à la population doit également être prévu, afin de l’informer clairement des mesures en place et des comportements attendus en période de surcharge.
Ajustement dynamique des ressources humaines
Le plan de contingence doit également inclure des mesures d’ajustement des ressources humaines incluant :
- la réduction temporaire du nombre d’infirmières en période de faible achalandage, tout en maintenant un seuil sécuritaire minimal;
- l’ajustement de la charge de travail infirmière pour optimiser la couverture des soins en période critique;
- la mobilisation d’équipes de rappel ou de personnel en temps supplémentaire;
- la modulation des heures de travail.
Dernière mise à jour : 17 octobre 2025