Ministère de la Santé et des Services sociaux
Information pour les professionnels de la santé
Itinérance
Profil et besoins particuliers
En moyenne, 64 % des individus rencontrés lors du dernier dénombrement des personnes en situation d’itinérance visible (2023) ont affirmé avoir consulté au moins une fois à l’urgence dans la dernière année, 57 % ont rapporté avoir un problème de santé mentale et 58 %, un trouble lié à la consommation de substances. On trouve ensuite, par ordre de fréquence, les conditions médicales ou les maladies physiques (36 %), les limitations d’apprentissage ou cognitives (32 %) et les limitations physiques (29 %). Il y a aussi une surreprésentation des traumatismes crâniaux-cérébraux et de certaines lésions cérébrales acquises non traumatiques chez les personnes en situation d’itinérance, avec une prévalence moyenne de 53,1 % (Stubbs et coll., 2020). Ces données surpassent celles de la population générale.
Ils ont tendance à recevoir de l’aide uniquement lorsque leurs problèmes de santé sont graves ou devenus urgents, augmentant la difficulté à leur offrir des soins et des services au moment opportun. Le recours à l’urgence peut également avoir comme objectif de répondre à certains besoins de base autrement non remplis. Pour les usagers n’ayant pas de médecin de famille ou sans carte d’assurance maladie, l’accès aux services de santé peut être davantage compliqué, et l’urgence, la seule entrée envisageable.
Les consultations tardives et multiples donnent lieu à des réponses ponctuelles essentiellement liées à la gestion des urgences, centrées sur le problème le plus aigu, ce qui permet difficilement d’agir de manière préventive et dans une perspective à plus long terme. Pour les usagers en situation d’itinérance qui vivront une période d’hospitalisation, ce passage s’inscrit rarement dans un continuum de services, d’où l’importance de mettre en place des interventions particulières pour favoriser ce continuum.
Finalement, les personnes en situation d’itinérance sont plus susceptibles de se voir refuser une hospitalisation ou de recevoir un congé rapide et d’être dirigées vers un service d’hébergement d’urgence qui n’est pas en mesure de leur procurer les soins dont elles ont besoin pour se rétablir d’une chirurgie ou d’une maladie grave. Plusieurs éléments sont en cause pour comprendre cette tendance, notamment des expériences négatives liées au recours à l’urgence ou à l’hospitalisation, ainsi que le fait que le personnel n'est pas toujours sensibilisé aux problèmes parfois complexes des usagers présentant une comorbidité telle qu’on en voit chez certains usagers en situation d’itinérance (déficience physique ou intellectuelle, trouble mental, trouble lié à l’utilisation d’une substance, problèmes de santé physique chroniques, trouble de mobilité, etc.). Dans tous les cas, un départ hâtif augmente le risque de prolonger la période de rétablissement ou d’empêcher la guérison et d’entraîner d’autres hospitalisations (Waegemakers Schiff, 2015).
En tenant compte de la réalité particulière de chaque usager et en y adaptant leurs pratiques, les professionnels du centre hospitalier et les autres intervenants jouent un rôle important pour favoriser une expérience de soins positive et, par conséquent, contribuer à l’amélioration de sa situation.
Pour en savoir plus sur les profils et les besoins particuliers des usagers en situation d’itinérance, consulter les compléments d’information sur la réalité et les besoins de groupes de personnes touchées par l’itinérance et par l’instabilité résidentielle .
Dernière mise à jour : 16 juin 2025