Ministère de la Santé et des Services sociaux
Information pour les professionnels de la santé
Trajectoire - Traumatologie
Introduction
Depuis plus de 20 ans, le réseau québécois de traumatologie voit à bonifier son expertise et la qualité des soins dispensés, notamment en raison de l’engagement ferme des différents partenaires, et ce, à tous les niveaux. Les installations impliquées dans ce vaste réseau doivent répondre à une série d’exigences spécifiques et d’éléments de conformité pour assurer leur mission en traumatologie. Pour y répondre et afin de respecter tous leurs engagements, les installations ciblées, indépendamment de leur niveau de désignation en traumatologie, doivent former un comité local interdisciplinaire qui voit à l’élaboration, à l’application, à la promotion et au suivi des activités en traumatologie. Ainsi, ce comité local observe la rigueur des processus appliqués et, conséquemment, consolide la qualité et la sécurité des soins et des services dispensés aux usagers traumatisés.
Installation de soins aigus dans le réseau de traumatologie
L’institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) a publié les Exigences relatives aux établissements exploitant une installation de soins aigus dans le réseau québécois de traumatologie . Ce document fait l’objet d’une révision des exigences dans le réseau, dont la dernière version avait été produite en 2001. Les exigences ont été classifiées en six thèmes :
- engagement de l’établissement et structure de concertation de l’installation;
- ententes de transfert interinstallations/interétablissements;
- disponibilité et formation des ressources humaines en traumatologie;
- données de traumatologie de l’installation;
- plateaux techniques, procédures et algorithmes;
- activités de prévention, d’enseignement, de recherche et de soutien au réseau.
Dans le cadre du cinquième thème, le document précise les exigences relatives aux plateaux techniques, aux procédures et aux algorithmes. Une section est tout spécifiquement réservée à l’urgence et l’ensemble des recommandations y est accessible.
Niveaux des centres en traumatologie
L’INESSS établit, d’après les éléments de la littérature ainsi que selon le modèle de fonctionnement d’autres organisations exemplaires en traumatologie, lesdites exigences. Par ailleurs, dans son rôle, elle assure la vigie de la conformité des installations à leurs exigences respectives. Selon les travaux de l’INESSS quant aux Exigences relatives aux établissements exploitant une installation de soins aigus dans le réseau québécois de traumatologie , il est possible de trouver au Québec plus de 60 installations de soins aigus offrant des services aux clientèles adultes et pédiatriques. Pour exploiter une installation désignée en traumatologie, l’installation doit impérativement répondre à certaines exigences spécifiques, propres à sa catégorisation en fonction du niveau de spécialisation des services offerts et des ressources disponibles sur place.
Les bases du réseau sont les suivantes :
- désignation des centres de traumatologie de chaque niveau dans chaque région et des services qu’ils peuvent offrir aux traumatisés selon, entre autres, les ressources disponibles;
- concentration des clientèles dans un nombre réduit de centres pour amener une plus grande exposition et ainsi augmenter l’expertise;
- signature d’ententes de transferts interinstallations/interétablissements sans possibilité de refus; cela a mis fin au magasinage et aux délais de transfert.
Le réseau de traumatologie est basé sur la désignation des centres de traumatologie de différents niveaux : services de stabilisation et centres primaires, secondaires, secondaires régionaux et tertiaires.
Les différents Niveaux de centres de traumatologie sont les suivants :
- Service de stabilisation - salle d’urgence sans chirurgie/anesthésie : Un service de stabilisation peut être un CLSC ou l’urgence d’une installation. Seul un médecin d’urgence y est présent, aucun anesthésiste ni chirurgien n’est disponible. Le fonctionnement au service de stabilisation se limite à une évaluation sommaire, une stabilisation de l’ABC sur la civière de l’ambulance et un départ rapide (cible de 30 minutes) vers le centre de traumatologie désigné avec la même équipe ambulancière, avec accompagnement approprié. Les services de stabilisation ne demeurent qu’aux endroits où les critères le dictent (isolement, population captive, etc.);
- Centre primaire : service d’urgence avec chirurgie et anesthésie sur place dans les 30 minutes;
- Centre secondaire : service d’urgence avec chirurgie, orthopédie, anesthésie et soins intensifs sur place dans les 30 minutes;
- Centres Secondaire régional : service d’urgence avec chirurgie, orthopédie, anesthésie, soins intensifs et neurochirurgie sur place dans les 30 minutes;
- Centre tertiaire : Service d’urgence avec toutes les spécialités qui touchent la traumatologie (par exemple neurochirurgie, chirurgie thoracique, etc.).
Échelle québécoise de triage préhospitalier en traumatologie
Pour les usagers victimes de traumatismes, les services préhospitaliers d’urgence et l’urgence doivent pouvoir communiquer directement entre eux en tout temps. Au départ du site de l’incident, les TAP doivent préciser l’étape de l’EQTPT pour chaque victime, aviser l’urgence du nombre de blessés et de l’état du ou des usagers ayant un critère positif à l’EQTPT, décrire les signes vitaux et signaler le temps estimé avant l’arrivée du ou des blessés. De plus, le TAP décrit dans son rapport le type d’impact, les blessures apparentes ainsi que le type d’accident, d’objet ou de mécanisme ayant causé les blessures.
Depuis 2018, la nouvelle EQTPT est déployée pour l’ensemble du Québec. Cette échelle, adaptée du CDC-ACSCOT 2011, permet de mieux identifier les clientèles qui requièrent d’être transportées dans un centre de traumatologie de haut niveau. En lien avec ce changement, des modifications ont été apportées aux protocoles d’intervention clinique à l’usage des TAP (PICTAP ). En plus de consigner l’information au dossier, les services préhospitaliers doivent communiquer avec l’installation si l’usager démontre une modification ou une détérioration de sa condition durant le transport.
Fonctionnement à l'urgence
Le fonctionnement de l’urgence doit être connu de façon à répondre aux exigences des niveaux désignés. Un système de communication direct avec les TAP doit également être établi. Il est attendu que la salle de réanimation soit adaptée à des procédures spécialisées et qu’une salle de décontamination y soit rapidement accessible, au besoin. En tout temps dans la salle de réanimation, l’urgence doit exposer les algorithmes les plus récents au regard de soins avancés en réanimation et en traumatologie (par exemple ATLS, ACLS, APLS/PALS, etc).
L’infirmière qui reçoit un préavis des TAP doit enclencher un niveau d’activation de l’équipe soignante tout dépendant de la condition clinique de l’usager. Il est à noter que l’usager traumatisé démontrant une atteinte objective (EQTPT, étape 1 ou 2) est directement orienté en salle de réanimation. Ce niveau requiert la présence immédiate des ressources appropriées, soit un médecin, des infirmières, une inhalothérapeute, un préposé aux bénéficiaires et l’accès immédiat au personnel d’imagerie médicale.
En fonction de l’évolution de la condition clinique de l’usager, différents niveaux d’activation des équipes spécialisées pourraient être enclenchés. Ces trois niveaux d’activation sont essentiels pour atteindre la performance requise définie par les trois marqueurs de performance chronométrique exigés par le réseau de traumatologie. La rapidité de la PEC et de l’orientation étant essentielle dans les cas de traumatologie, ces trois marqueurs doivent être objectivement respectés pour chaque usager, à l’aide d’un chronomètre avec alarme installé dans la salle de réanimation. De façon plus concrète, ces trois marqueurs correspondent à ceci :
- M-10 : dans un délai de 10 minutes suivant l’arrivée du traumatisé à l’aire de réanimation, l’équipe doit avoir terminé la phase de réanimation initiale (installation de soluté, sang en cours, intubation endotrachéale, etc.);
- M-30 : dans un délai de 30 minutes, l’équipe doit avoir terminé le bilan lésionnel de base du traumatisé, qui consiste à avoir reçu les résultats de laboratoire et à avoir terminé l’échographie abdominale ciblée ainsi que les radiographies simples (poumons, colonne cervicale, bassin). De plus, l’usager doit être déjà en voie de subir l’examen de tomographie, si nécessaire;
- M-60 : dans un délai de 60 minutes, l’équipe doit avoir pris une décision définitive sur l’orientation de l’usager, qui peut être dirigé vers le bloc opératoire, l’unité des soins intensifs ou une unité régulière.
Dans les installations de niveau tertiaire, une équipe spécialisée en traumatologie peut également être implantée (Trauma team leader). Le temps de réponse de ces intervenants doit être inférieur à 20 minutes. Enfin, pour toutes les installations désignées à l’exception des centres de stabilisation, une consultation en chirurgie générale doit être possible dans les 30 minutes.
Pour plus de précisions au regard des exigences dans les services d’urgence, veuillez consulter les Exigences relatives aux établissements exploitant une installation de soins aigus dans le réseau québécois de traumatologie .
Formation continue
Considérant l’évolution de la prise en charge de la clientèle en traumatologie, un programme de formation continue devrait être offert dans les centres désignés ainsi qu’une méthodologie de suivi annuel pour les professionnels. Par ailleurs, des formations avancées en traumatologie (par exemple le TNCC) doivent être considérées, tout particulièrement pour les intervenants de la salle de réanimation.
Dernière mise à jour : 23 juin 2022, 11:46