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Gériatrie

Le cadre de référence : vers un service d'urgence adapté pour les personnes âgées

L’application de l’AAPA à l’urgence est d’autant plus incontournable, du fait que la clientèle âgée de 75 ans et plus constitue maintenant l’un des principaux groupes requérant des soins à l’urgence. Par ailleurs, si l’on considère l’ampleur des ressources requises, elle est probablement le groupe le plus important à ce chapitre. En effet, selon le tableau de bord ministériel, en 2022-2023, les personnes âgées de 75 ans et plus ont constitué 14,9 % de la clientèle totale des urgences, soit 537 493 visites au Québec. Uniquement en considérant les visites sur civière, ces usagers représentaient plus de 30,3 % de la clientèle au cours de cette même année, soit 1,6 % de plus que l’année 2019-2020. Qui plus est, de ces épisodes de soins, 37,2 % avaient une durée moyenne de séjour supérieure à 24 h et 12,4 % à 48 h. Compte tenu des conséquences d’aussi longs séjours chez ces personnes, il est primordial de poser des gestes proactifs au regard de la prise en charge et de l’ensemble des processus assurant ainsi une prise de décision rapide et une orientation précoce.

À ce titre, notons que ce sont près de 50 % des personnes âgées de plus de 75 ans installées sur civière qui, après leur parcours à l’urgence, seront hospitalisées, qu’importe le niveau de priorité initial à l’ETG. Des mesures encadrant la culture de soins aux aînés sont ainsi plus que jamais déterminantes. Considérant le vieillissement de la population, ces données sont sujettes à continuellement augmenter au fil des années. La pression sur les admissions hospitalières ainsi que l’équilibre entre l’évaluation sommaire du besoin de l’usager pour une visite à l’urgence au regard de l’ensemble des facteurs influençant sa condition de santé seront perpétuellement fragiles (Shenvi et co., 2019).

La majorité des personnes aînées se présentant à l’urgence sont prises en charge et traitées par les médecins et les professionnels sans que l’intervention de l’équipe spécialisée de gériatrie ne soit nécessaire. Une sensibilisation et une formation spécifiques à la situation des soins aux personnes aînées sont indiquées pour l’ensemble du personnel à l’urgence, y compris les médecins, les infirmières, les préposés aux bénéficiaires, le personnel de soutien administratif ainsi que les autres professionnels de la santé (par exemple les pharmaciens, les ergothérapeutes, les physiothérapeutes, etc.).

En outre, la considération du contexte de vie de l’usager âgé de plus de 75 ans prend tout spécifiquement son importance afin de cerner les modalités sous-jacentes l’amenant à consulter dans un service d’urgence. La compréhension des facteurs de risque et des enjeux permet de mieux positionner les décisions cliniques pendant un séjour à l’urgence. Néanmoins, lorsque l’usager est suivi par des ressources en première ligne ou un médecin de famille, la transition de l’information et l’arrimage des orientations permettront de mieux l’encadrer (Stevens et coll., 2014).

C’est dans ce contexte que le MSSS a mandaté le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de l’Estrie – Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke et son département de médecine d’urgence et collaboré avec celui-ci à la création du cadre de référence : vers un service d’urgence adapté pour la personne âgée. Il a été élaboré par un groupe d’auteurs spécialisés en médecine d’urgence gériatrique; il a été révisé par plusieurs experts en la matière en plus d’être basé sur les données probantes disponibles à ce jour. Enfin, il est adapté à la réalité du réseau de la santé et des services sociaux du Québec et se veut un document complémentaire au cadre de référence de l’AAPA.

La DSU encourage chaque établissement à consulter le cadre de référence et à apporter les changements nécessaires pour adapter leurs services d'urgence (SU) à la population âgée fragile.

Thèmes du cadre de référence

Ce cadre est un outil essentiel pour amorcer, consolider et pérenniser des changements en lien avec les soins prodigués aux personnes âgées à l’urgence. Plusieurs thèmes y sont abordés, dont :

  • comment développer une urgence adaptée pour les personnes âgées;
  • l’équipe interdisciplinaire : description et rôles;
  • la formation du personnel médical, infirmier et de soutien;
  • le triage/la fragilité;
  • le dépistage des patients âgés à haut risque de complications;
  • le maintien de l’autonomie fonctionnelle au service d’urgence;
  • le sommeil;
  • la dénutrition;
  • la présence des proches;
  • le délirium, l’agitation et les troubles neurocognitifs;
  • la gestion de la douleur;
  • la polypharmacie;
  • la chute;
  • la traumatologie gériatrique;
  • la maltraitance envers les personnes âgées;
  • les soins palliatifs;
  • la dépression;
  • le continuum de soins;
  • l’environnement physique (aussi décrit à la page suivante).

Il consiste en un guide clinique comprenant des exemples d’outils et de protocoles qui sont mis à la disposition du personnel des SU afin de les guider dans la prestation de soins plus sécuritaires et plus performants pour les usagers âgés. Il s’adresse aux gestionnaires, aux chefs médicaux et aux différents soignants des SU. Ce cadre de référence permet d’opérationnaliser les principes de l’AAPA dans un contexte d’urgence. Le MSSS encourage fortement les SU du Québec à entreprendre les changements nécessaires basés sur les éléments de ce cadre de référence et à adapter leurs soins aux personnes âgées.

La maltraitance envers les personnes aînées

La maltraitance touche près de 6 % des personnes aînées1. Il est important pour le personnel des SU de savoir la repérer, d’intervenir selon la dangerosité de la situation, de se référer à la politique de lutte contre la maltraitance de son établissement et de signaler la situation le cas échéant. Lors d’une telle situation, le travailleur social de l’urgence, lorsqu’il y en a un, doit être impliqué.

La Loi visant à lutter contre la maltraitance envers les aînés et toute autre personne majeure en situation de vulnérabilité Ce lien ouvre une nouvelle fenêtre. précise l’obligation, pour tout membre du personnel soignant, de signaler la situation au Commissaire local aux plaintes et à la qualité des services s'il a un motif raisonnable de croire qu'une personne est victime de maltraitance pour cinq catégories de personnes précises, soit :

  • un usager hébergé dans un centre d’hébergement et de soins de longue durée;
  • un résident en situation de vulnérabilité en résidence privée pour aînés (RPA);
  • un usager en ressource intermédiaire ou en ressource de type familial;
  • une personne inapte selon une évaluation médicale;
  • une personne en tutelle ou sous mandat de protection homologué.

Pour plus d’informations, se référer au cadre de référence Vers un service d’urgence adapté pour la personne âgée ou au Guide de référence – Pour contrer la maltraitance envers les personnes aînées.

1 Enquête sur la maltraitance envers les personnes aînées vivant à domicile au Québec, 2019.

Dernière mise à jour : 27 novembre 2024

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