Malgré la grande vulnérabilité engendrée par une situation de crise, le temps d’attente et la durée de séjour des personnes se présentant à l’urgence pour un trouble de santé mentale sont actuellement plus longs que pour les personnes souffrant d’un problème de santé physique, et particulièrement chez les personnes aînées. L’arrimage inadéquat entre l’urgence et les services présents dans la communauté est un problème fréquemment observé qui a une incidence négative sur la personne et sa prise en charge dans la communauté.

La situation qui en découle peut contribuer au phénomène de « portes tournantes », soit le retour fréquent à l’urgence pour traiter différents problèmes qui n’ont pas été reconnus ou pris en charge de façon adéquate dans un premier temps. Des recherches indiquent « en effet qu’un taux élevé de réadmissions d’usagers à l’intérieur d’un court délai peut signifier, entre autres, une qualité des soins jugée inadéquate, l’octroi de congés prématurés, l’absence de ressources de proximité ou un manque de soutien de leur part » (Ashton et al., 1998, Rodriguez et al., 2006).

Les personnes souffrant de symptômes associés à un trouble de santé mentale forment un groupe diversifié et présentent un défi particulier pour le personnel de l’urgence. Elles peuvent être anxieuses, déprimées, psychotiques, agitées, suicidaires, voire violentes. Les raisons qui motivent un recours à l’urgence sont elles aussi très diversifiées et relèvent souvent d’un ensemble de conditions socioéconomiques et médicales (par exemple isolement, pauvreté, crise familiale ou conjugale, victimisation, difficultés avec la médication ou dans le suivi thérapeutique, comorbidité, etc.) qui aggravent ou précipitent les problèmes de désorganisation ou de décompensation.