Ministère de la Santé et des Services sociaux
Information pour les professionnels de la santé
Vaccins
FJ : vaccin contre la fièvre jaune
Composition
Un vaccin vivant atténué contre la fièvre jaune est distribué au Canada : YF‑VAX (Sanofi Pasteur).
Chaque dose de YF‑VAX reconstitué contient :
- au moins 4,74 log10 unités formatrices de plages de l’antigène du virus de la fièvre jaune préparé à partir de la souche 17D‑204 atténuée et cultivée sur des cellules d’embryons de poulet;
- moins de 7,5 mg de sorbitol et moins de 7,5 mg de gélatine;
- le diluant composé d’eau stérile et de chlorure de sodium.
Présentation
- YF‑VAX :
- Fiole unidose de vaccin lyophilisé et fiole unidose de 0,6 ml de diluant.
Le vaccin reconstitué a l’aspect d’une suspension d’un brun légèrement teinté de rose.
Indications
Vacciner les voyageurs âgés de 9 mois et plus qui se rendent :
|
Pour obtenir des renseignements sur les régions à risque de transmission de la fièvre jaune, sur les recommandations de vaccination selon le niveau de risque ainsi que sur les pays exigeant la vaccination comme condition d’entrée, voir le Guide d’intervention santé‑voyage et Voyages internationaux et santé.
Contre‑indications
Anaphylaxie suivant l’administration d’une dose antérieure du même vaccin ou d’un autre produit ayant un composant identique, incluant les œufs (voir Précautions).
Grossesse (voir Précautions).
États d’immunodépression, un traitement avec des immunomodulateurs, une infection symptomatique par le VIH ou accompagnée d’une immunosuppression grave (voir Précautions et Vaccinologie pratique, Contre‑indications).
Enfants âgés de moins de 6 mois, en raison du risque d’encéphalite.
Personnes atteintes de pathologies du thymus, par exemple un thymome, une thymectomie ou une myasthénie grave.
Précautions
Voir Vaccinologie pratique, Précautions.
Les personnes qui présentent des réactions anaphylactiques aux œufs ou à la gélatine et qui courent un risque élevé de contracter la fièvre jaune devraient être évaluées par un allergologue, car la vaccination contre la fièvre jaune pourrait être possible après une évaluation soignée, des tests cutanés et une vaccination à doses progressives ou une désensibilisation.
La vaccination des personnes âgées de 60 ans et plus, surtout s’il s’agit d’une primovaccination, doit se faire après une évaluation soignée des risques et des bénéfices par le vaccinateur. Si le vaccin est requis uniquement en raison d’une exigence douanière et qu’il n’y a pas de risque pour la personne de contracter la fièvre jaune, le Certificat de contre‑indication médicale à la vaccination ou une lettre d’exemption pourrait être remis par le vaccinateur (voir Exigences internationales).
La vaccination des personnes atteintes d’une maladie auto‑immune, surtout s’il s’agit d’une primovaccination, doit se faire après une évaluation soignée par le vaccinateur (voir Manifestations cliniques après la vaccination). On tiendra compte de la gravité de la maladie auto‑immune, de la présence d’autres comorbidités, de la prise de médicament immunodépresseur ou immunomodulateur ainsi que du risque inhérent au voyage.
Les personnes suivantes ne devraient être vaccinées qu’après avoir consulté un médecin spécialiste en médecine des voyages ou en médecine tropicale si elles se rendent dans une région où le risque d’infection est élevé, si leur voyage ne peut être retardé et s’il leur est impossible de bien se protéger contre les moustiques :
- Femmes enceintes.
- Femmes allaitant un bébé âgé de moins de 9 mois.
- Nourrissons âgés de 6 à 8 mois. La vaccination devrait être retardée dans la mesure du possible jusqu’à l’âge de 9 mois (voir Manifestations cliniques après la vaccination).
- Personnes atteintes d’une infection asymptomatique par le VIH ou accompagnée d’une immunodépression modérée. La décision de procéder à la vaccination sera alors prise en fonction du degré d’immunodépression et du risque inhérent au voyage.
Interactions
Le vaccin FJ peut être administré le même jour qu’un autre vaccin vivant atténué injectable ou que le vaccin intranasal contre l’influenza, ou à au moins 4 semaines d’intervalle.
Il existe peu de données concernant l’effet de l’administration du vaccin FJ sur la réaction au TCT. Par mesure de prudence, il est recommandé d’appliquer au vaccin FJ les délais à respecter entre l’administration du vaccin contre la rougeole et le TCT. Ainsi, lorsqu’il est indiqué, le TCT doit être fait avant la vaccination contre la fièvre jaune, en même temps qu’elle ou au moins 4 semaines après.
Manifestations cliniques après la vaccination
Voir Manifestations cliniques, Présentation des manifestations cliniques.
Risque attribuable au vaccin
Selon les données d’une étude portant sur 1 078 sujets ayant reçu l’un des 3 vaccins vivants atténués contre la fièvre jaune ou un placébo, il n’y avait pas de différence statistiquement significative entre les manifestations cliniques survenues après chacun des vaccins et celles survenues après le placébo.
Manifestations | FJ % |
Placébo % |
RAV % |
---|---|---|---|
Douleur locale | 3,8 |
2,6 |
1,2 |
Tout symptôme local | 4,2 | 2,6 | 1,6 |
Céphalée | 10,9 |
7,0 |
3,9 |
Fièvre | 5,0 | 4,4 | 0,6 |
Fièvre > 38,5 ºC | 3,7 | 2,2 | 1,5 |
Myalgie | 6,4 | 2,6 | 3,8 |
Nausées | 2,6 | 3,0 | -0,4 |
Symptômes gastro‑intestinaux | 4,2 | 3,7 | 0,5 |
Syndrome d’allure grippale | 6,6 | 2,6 | 4,0 |
Tout autre symptôme | 9,9 | 6,3 | 3,6 |
Tout symptôme systémique |
20,3 | 14,3 | 6,0 |
Même en l’absence d’études comparatives, certaines manifestations sont considérées comme liées au vaccin : presque tous les cas de maladie vaccinale neurotrope et tous les cas de maladie vaccinale viscérotrope ont été signalés à la suite d’une primovaccination contre la fièvre jaune.
Maladie vaccinale neurotrope
Des cas de maladie vaccinale neurotrope associés au vaccin FJ, principalement des encéphalites chez les nourrissons, ont été rapportés.
Le risque chez les très jeunes nourrissons est de 0,5 à 4 cas sur 1 000 vaccinés. Depuis 2007, 3 cas d’encéphalite ont été rapportés chez des très jeunes nourrissons de mères ayant reçu le vaccin FJ. Lors de la vaccination des mères, ces cas étaient nourris exclusivement au sein et étaient âgés de moins de 1 mois (2 cas) et de 38 jours (1 cas). Le virus vaccinal a été isolé dans le LCR de 1 cas, et des anticorps anti‑IgM contre le virus de la fièvre jaune ont été démontrés dans le LCR des 2 autres cas. Le lait maternel n’était pas disponible pour des tests de confirmation, mais le mécanisme de l’allaitement maternel semble jouer un rôle. Le risque global de transmission du virus vaccinal par le lait maternel est inconnu.
Des cas d’encéphalite et de maladies neurologiques auto‑immunes survenus chez des adultes ont été rapportés dans le monde, avec un taux de létalité de 6,9 %. Les données de surveillance de VAERS permettent d’estimer le risque global de maladie vaccinale neurotrope à 0,4‑0,8 cas sur 100 000 doses distribuées. Le risque serait plus élevé chez les personnes âgées, respectivement de 1,6 et de 1,1-2,3 cas sur 100 000 doses distribuées chez celles âgées de 60 à 69 ans et de 70 ans et plus.
Maladie vaccinale viscérotrope
Des cas de maladie vaccinale viscérotrope associés au vaccin FJ ont été rapportés.
Le syndrome débute en moyenne 4 jours après la vaccination et est caractérisé par une insuffisance multiviscérale. Chez plusieurs personnes, on a isolé le virus de la souche vaccinale ailleurs que dans le sang, notamment dans le LCR, le cœur, le cerveau, le foie, les reins et la rate.
Selon l’OMS, la fréquence globale de ce syndrome est de 0,25 à 0,4 cas sur 100 000 doses distribuées, avec un taux de létalité de plus de 60 %.
L’âge avancé semble être un facteur de risque de la maladie viscérotrope, le nombre de cas rapportés étant de 19 chez les personnes âgées de 60 ans ou plus et de 22 pour l’ensemble des autres groupes d’âge. Le risque chez les personnes âgées varie selon les études, mais demeure élevé de façon significative à compter de 60 ans et plus. Selon une étude, chez les personnes âgées de 60 à 69 ans et celles âgées de 70 ans ou plus, le risque serait respectivement de 1,1 et de 3,2 cas sur 100 000 doses distribuées.
Parmi les 23 premiers cas rapportés, 4 (17 %) présentaient une pathologie du thymus, suggérant qu’une dysfonction du thymus serait un facteur de risque pour ce syndrome.
Neuf cas de maladie vaccinale viscérotrope avaient une maladie auto‑immune. Les informations disponibles sont incomplètes, et d’autres facteurs de risque ont été relevés pour plusieurs cas, notamment la prise de médicament immunodépresseur, l’âge avancé et une thymectomie. Il n’existe pas assez de données pour affirmer que les personnes souffrant d’une condition auto‑immune ont un risque accru d’être atteintes d’une maladie vaccinale viscérotrope, mais la possibilité d’une dysrégulation immunitaire résultant de l’auto‑immunité, avec ou sans prise de médicament immunodépresseur, devrait être considérée.
Manifestations cliniques observées
La plupart des MCO sont bénignes et transitoires.
Les réactions systémiques, à l’exception de l’anaphylaxie, peuvent survenir quelques jours après la vaccination.
Environ 1 % des vaccinés doivent interrompre leurs activités habituelles.
Une anaphylaxie survient très rarement (de 1 à 9 sur 100 000).
Administration
Administrer le vaccin le plus rapidement possible après sa reconstitution ou au plus tard 60 minutes après en le conservant entre 2 et 8 ⁰C.
Administrer le contenu du format unidose par voie SC.
Âge | Nombre de doses | Précisions |
---|---|---|
≥ 9 mois | 1 |
Le rappel n’est pas recommandé de façon systématique Un rappel unique est indiqué dès qu’un autre voyage à risque est prévu si la personne :
Voir Précautions et Réponse au vaccin |
Utilisation des doses fractionnées
Cette section a été retirée du PIQ car la pénurie de vaccins FJ est terminée.
Une personne qui a reçu une dose fractionnée et qui retourne dans une région à risque pour la fièvre jaune ou dans une région qui exige le vaccin FJ comme condition d’entrée doit recevoir une pleine dose. L’intervalle minimal à respecter est de 4 semaines.
Exigences internationales
En mai 2014, les pays membres de l’OMS ont voté en faveur de la prolongation de la validité du Certificat international de vaccination ou de prophylaxie pour la vie de la personne vaccinée contre la fièvre jaune, et le Règlement sanitaire international a été amendé en conséquence.
Depuis l'entrée en vigueur de l’amendement au Règlement sanitaire international le 11 juillet 2016, tous les certificats internationaux de vaccination contre la fièvre jaune sont considérés valides à vie, incluant les certificats délivrés il y a plus de 10 ans.
L’OMS a produit un document de questions et réponses . Pour connaître les exigences d’entrée par pays, voir le Guide d’intervention santé-voyage et le document Voyages internationaux et santé .
Pour les personnes recevant le vaccin pour la 1re fois, le Certificat international de vaccination ou de prophylaxie est valide à partir du 10e jour après la vaccination contre la fièvre jaune. Pour les personnes à qui une dose de rappel est recommandée, le certificat est valide à partir du jour de la revaccination.
Lorsque le vaccin est contre‑indiqué, le vaccinateur fournira au voyageur le Certificat de contre‑indication médicale à la vaccination ou une lettre précisant les raisons médicales de la demande d’exemption.
- Ces documents seront rédigés en anglais ou en français, seront signés par le vaccinateur et porteront le sceau de l’ASPC.
- La période de validité est établie par le professionnel de la santé qui a déterminé la contre‑indication médicale. La période de validité peut tenir compte d’un itinéraire de voyage particulier ou d’une maladie de plus longue durée.
Les risques inhérents à la non‑vaccination devraient être réévalués pour chaque voyage.
Pour obtenir de l’information détaillée sur la façon de remplir le Certificat international de vaccination ou de prophylaxie, voir le document de questions et réponses de l’OMS. Pour le Certificat de contre‑indication médicale à la vaccination , voir le site Internet de l’ASPC.
Réponse au vaccin
Immunogénicité
Les anticorps neutralisants sont décelables chez 80‑100 % des sujets vaccinés 10 jours après la vaccination et chez plus de 99 % des vaccinés 1 mois après la vaccination.
Des données limitées sur la réponse immunitaire des personnes infectées par le VIH et des femmes enceintes indiquent une plus faible immunogénicité.
Pour les personnes infectées par le VIH, les facteurs permettant l’acquisition d’un plus haut taux d’anticorps semblent être une charge virale faible et un décompte élevé de CD4.
Une étude effectuée chez des femmes africaines enceintes dont 88 % ont été vaccinées durant le 3e trimestre démontre un taux de séroconversion de 38,6 %. La signification clinique de ces résultats n’est pas bien connue, car la protection contre la fièvre jaune repose aussi sur l’immunité cellulaire et l’immunité innée.
Efficacité
Le vaccin confère une protection dans près de 100 % des cas.
La durée minimale de protection est évaluée à 10 ans.
L’OMS a publié récemment les recommandations du Groupe stratégique consultatif d’experts sur la vaccination selon lesquelles 1 seule dose du vaccin FJ suffisait pour conférer une protection à vie.
Les échecs à la suite de la vaccination contre la fièvre jaune sont extrêmement rares. On a recensé 18 cas possibles pour plus de 540 millions de doses de vaccin utilisées. Les données laissent croire que ce ne sont pas des échecs vaccinaux consécutifs à une baisse de la protection avec le temps.
Dernière mise à jour : 16 avril 2021